Dames, Damoiselles, Sieurs et Damoiseaux,

Chose promise, chose due ! Voici un deuxième extrait de L’espion de Vrisac (le troisième tome du Monde d’en Bas). J’espère de tout cœur que ce petit passage dans la Cité des Fées en compagnie d’Assa et Corenn-Tekor vous plaira…

J’en profite pour vous demander si vous avez des attentes particulière pour ce troisième volume. N’hésitez pas à répondre en commentaire, ni à donner votre avis sur cet extrait !

Bonne lecture !

 

Monde d’en Bas, Decem, Palais des Fées, dans les Montagnes Enchantées

Assa, Corenn-Tekor et Archican s’étaient téléportés en début de matinée dans les Montagnes Enchantées, car les deux sœurs souhaitaient s’entraîner à l’épée dans un endroit tranquille. Leur dernière cachette avait été découverte par Dame Fée, et celle-ci leur avait formellement interdit d’y retourner. Au milieu des montagnes, les jeunes filles étaient sûres de ne pas être surprises.

Comme d’habitude, Corenn-Tekor les observait se battre, et commentait. Assa, s’entraînant depuis plus longtemps, était meilleure que sa jeune sœur, mais Archican restait époustouflante, une épée à la main.

Les deux jeunes filles, essoufflées, décidèrent de faire une pause. Elles s’assirent aux côtés de Corenn-Tekor, et burent goulûment l’eau fraîche qu’elles n’avaient pas manqué d’apporter.

Les trois amis plaisantèrent quelque temps, mais, soudain, des cris retentirent. Assa, Corenn-Tekor et Archican bondirent sur leurs pieds, et partirent chacun dans une direction différente pour trouver l’origine de ces hurlements.

Le jeune homme arriva au sommet de la montagne, qui se trouvait une dizaine de mètres plus haut, et offrait une vue imprenable sur l’autre versant. Il aperçut alors une petite fille, très jeune, tentant tant bien que mal d’escalader la paroi abrupte qui débouchait sur une vaste clairière une trentaine de mètres plus bas. Derrière elle, une seconde fille, plus âgée celle-là, courait pour essayer d’échapper à de mystérieux poursuivants tout de noir vêtus.

En regardant plus attentivement ces silhouettes sombres, Corenn-Tekor sut de qui il s’agissait. Il n’en avait jamais vu, mais ses parents les lui avaient décrits. Des Zaquaxys.

— Assa ! Archican ! appela-t-il tout en dévalant la pente pour aider la fillette.

Les deux sœurs coururent dans sa direction, puis, comprenant la situation, suivirent le jeune homme, sans hésiter une seule seconde. Assa intima à Archican l’ordre de rester où elle était, mais celle-ci n’obéit pas. Assa n’insista pas : elle savait pertinemment que ce serait en vain, et les deux jeunes filles poursuivies avaient besoin d’aide.

— Cours, Elsa ! Cours ! cria alors la plus âgée des jeunes filles.

Corenn-Tekor et ses compagnes remarquèrent avec horreur que celle qui avait parlé avait été rattrapée, et que l’un des Zaquaxys la tenait fermement par le bras. Elle essayait de se débattre, mais n’avait pas assez de force.

Le jeune homme fit signe aux deux sœurs de porter secours à la fillette – Elsa, apparemment. Elles acquiescèrent immédiatement, et il continua sa course vers celle qui était aux prises avec les Zaquaxys.

Assa et Archican saisirent chacune un bras de la petite, et l’aidèrent à escalader le tertre, la soulevant presque du sol. Quand, essoufflées, elles arrivèrent au sommet, elles lâchèrent Elsa. Celle-ci se tourna instantanément vers celle qui avait été rattrapée par leurs poursuivants, et hurla :

— Victoria !

La jeune fille arrêta un instant de lutter face aux Zaquaxys, et leva la tête vers la petite Elsa. Elle parut soulagée que la fillette ait pu arriver au sommet de la petite montagne.

— Je t’aime, Elsa ! Je t’aime ! Vis, je t’en supplie, vis !

À ces mots, la petite fondit en larmes.

— Reste avec elle, console-la, demanda Assa à Archican, et conduis-la en sécurité. Je vais aider Corenn !

Archican acquiesça d’un signe de tête, prit Elsa dans ses bras, puis dévala le versant de la montagne. Elle savait qu’il y avait une petite grotte, non loin de  là. Elle y conduisit la fillette, puis l’étreignit avec force, en lui murmurant des paroles rassurantes.

Corenn-Tekor, lui, restait à une trentaine de mètres de la dénommée Victoria et de ses ravisseurs. Il ne savait pas quoi faire. S’il lançait un sort, il craignait que celui-ci touchât la pauvre jeune fille. Il restait là, indécis.

Assa arriva alors derrière lui, son sabre à la main.

— On dirait bien que mon art tostaurien va se révéler plus utile que ta magie, lui glissa-t-elle à l’oreille en le doublant, prête à se jeter dans le combat.

Corenn-Tekor fut soudain saisit par une peur panique. Et s’il arrivait quelque chose à sa bien-aimée Assa ? Il la savait excellente au maniement des armes, mais elle allait tout de même se mesurer à trois hommes, probablement des guerriers chevronnés.

Mais la jeune femme avait un avantage. Car si son sabre lui permettait de combattre un adversaire tout proche, les Zaquaxys, qui ne savaient utiliser que la magie, avaient besoin d’un certain recul. Aussi, lorsque cette jeune femme armée se jeta avec férocité sur eux, se retrouvèrent-ils démunis.

Sous le choc, ils lâchèrent Victoria, qui s’enfuit sans demander son reste. Elle courut vers la petite montagne, afin de rejoindre Elsa.

Assa profita de la surprise de ses adversaires pour agir. Sans hésiter, elle planta son sabre dans la poitrine de l’un des Zaquaxys. Celui-ci la regarda de ses yeux exorbités, sans comprendre ce qu’il lui arrivait. Il s’écroula à terre, mort.

Mais durant les quelques secondes qu’avait duré cet assaut, les deux autres sbires de Vrisac avaient eu le temps de se ressaisir. Ils s’étaient tous deux éloignés de quelques mètres, afin d’utiliser leur magie.

Assa courut vers l’un d’eux, celui qui était le plus proche. Elle devait zigzaguer entre les éclairs qui fondaient sur elle. À un moment, cependant, elle ne fut pas assez rapide. Un sort s’écrasa sur elle, provoquant une douleur affreuse à la jambe. Mais Assa était une guerrière. Elle ne se laisserait pas abattre pour si peu. Ignorant sa souffrance, elle parcourut les quelques derniers mètres qui la séparaient de sa cible et, mue par la colère, transperça l’épaule du Zaquaxy. Celui-ci poussa un hurlement de douleur, et porta sa main à son épaule blessée. Assa planta encore plusieurs fois son sabre dans le corps de l’assaillant, jusqu’à ce que celui-ci meure.

Pendant ce temps, Corenn-Tekor avait lui aussi agi. Le dernier Zaquaxy l’avait oublié. Erreur fatale. L’adversaire du jeune homme était pile à bonne distance, seul, et concentré sur une autre cible. Corenn-Tekor lui lança un sort qui l’assomma immédiatement. Il se figea soudain. Son adversaire était certes inoffensif, mais pour le moment seulement. Il lui fallait le tuer.

Le jeune homme se sentit mal à cette idée. Il ne souhaitait tuer quiconque. Même pas un Zaquaxy. Corenn-Tekor n’était pas un assassin.

— Tu veux que je le fasse ? lui demanda alors Assa.

Il la dévisagea, horrifié. Il ne voulait pas non plus lui infliger cela. Il avisa alors les deux corps inanimés à terre. L’œuvre de la jeune fille. Corenn-Tekor hésitait encore. Il ne se sentait pas capable de tuer le Zaquaxy, mais ne souhaitait pas non plus que sa compagne s’en charge.

— Je… Je… murmura-t-il, indécis.

— Corenn-Tekor, dit doucement la jeune fille, en s’approchant de son compagnon. Cet homme est mauvais… Il doit mourir. Tu entends ? Il doit mourir. Tu as reconnu qui il était, j’en suis sûre. Un Zaquaxy… Tu as dit toi-même que tes parents luttaient contre eux. Mais si tu ne veux pas le tuer, je peux le faire, ça ne me dérange pas. Je comprends les hésitations qui t’assaillent. Et je veux que tu saches que ce n’est pas une honte de répugner à tuer. Ce n’est pas un défaut, au contraire même…

— Je ne peux pas, Assa, je ne peux pas…

La jeune fille sourit tristement à son compagnon. Avec un soupir, elle se dirigea vers le Zaquaxy, et, les yeux fermés – elle refusait de voir les spasmes de sa victime –, elle enfonça la pointe acérée de son sabre dans le cœur du misérable.

— Retrouvons Archican, et rentrons maintenant, suggéra alors Assa d’une voix faussement assurée, en prenant la main de Corenn-Tekor.

Ils marchèrent quelques mètres, puis le jeune homme se rendit soudain compte qu’Assa boitait.

— Ça va ? Tu as mal à la jambe, au pied, à la cheville ? s’enquit-il.

— Je suis ouverte à la jambe, mais ça va, assura Assa.

Mais Corenn-Tekor la força à s’arrêter. Il observa le mollet de la jeune fille, et poussa un léger cri en voyant l’horrible blessure qui s’étendait du genou à la cheville. Alors, sans prévenir, il prit Assa dans ses bras, et la porta. Il eut du mal à gravir la petite montagne, mais finit par y parvenir. Descendre l’autre versant se révéla être une tâche plus aisée.

Les jeunes amoureux arrivèrent bientôt dans la petite grotte où Archican avait emmené Elsa. Victoria s’y trouvait également.

Et pour ceux qui ne le sauraient pas encore, vous pouvez retrouver le prologue de L’espion de Vrisac ICI !